A la Gaité-Lyrique: Les projets de MM. ISOLA

Comœdia illustré du 1er octobre 1909

  Un grand merci à M.Dominique CHAILLEY pour la recherche.

MM. Emile et Vincent Isola dans leur cabinet directorial

  A la veille du début d'une saison qui promet
tous les services, faire répéter sur la scène, dans tous les foyers et de l'aube à la nuit, on conçoit qu'un directeur, fût-il double, comme c'est le cas pour frères Isola, devienne difficilement visible et qu'il ne puisse être partout et ailleurs encore.
- Mais, par bonheur, il n'y a pas que deux frères Isola, comme on le croit communément : un troisième frère existe, qui ne s'appelle pas Isola, mais qui, sous le nom de Marcel Simond, est dans le secret des deux et transforme en trio leur sympathique duo. C'est, pour eux, le collaborateur le plus fidèle et le plus actif et l'ami le plus dévoué.
C'est lui qu'ils ont chargé de recevoir Comœdia illustré: acquitté de sa mission en nous réservant son plus aimable accueil.
- Voici, grâce aux renseignements qu'il a bien voulu nous communiquer, quelles seront les grandes lignes du programme de la saison.

Mme LUCIENNE BRÉVAL, qui
fera sa rentrée dans les Huguenots
- La Gaîté-Lyrique ouvre ses portes le 1er octobre. Au cours du premier mois alterneront sur l'affiche les œuvres du répertoire courant : les Huguenots, le Trouvère, Lucie de Lammermoor, la Favorite, la Dame blanche, le Prophète, Hernani, etc., etc… Et déjà se seront produites des rentrées sensationnelles : celle de Mme Bréval et de M. Affre dans les Huguenots ; de Mmes Litvine et Flahaut, de M. Alvarez dans le Trouvère, pour ne citer que celles-là.
- Puis viendra la première grande nouveauté de la saison : le Quo Vadis de Jean Nouguès, sur un livret adapté du roman de Sienkiewicz par M. Henri Cain. Représentée à Nice au cours de la saison dernière, l'œuvre de M. Jean Nougès fur accueillie par un succès considérable qui se manifesta dans les éloges de la critique et dans l'enthousiasme du public. Rarement avait-on vu œuvre nouvelle obtenir un si grand nombre de représentations consécutives. C'est donc l'un des événements musicaux de l'année. D'ailleurs MM. Isola préparent des merveilles de réalisation scénique.
L'interprétation arrêtée à l'heure actuelle réunit les noms de Mme Vallandri, dans le rôle d'Eunice, de Mlles Marie Lafargue dans celui de Lygie et de Mlle C. Thévenet dans celui de Poppée. En tête de la distribution masculine se détache le nom d'un admirable artiste, que l'Opéra-Comique regrettera plus d'un soir, de Jean Périer, qui incarna Pelléas, François du Chemineau, Lescaut, Scarpia, les rôles les plus divers avec un égal bonheur et qui, dans

Mme DELNA, la belle
interprète d' Orphée.
la création de Chilon pourra mettre en valeur ses rares qualités de puissance et de composition. Le rôle de Pétrone sera tenu par M. Seveilhac ; celui de Vinicius par M. Granier ; celui de Pierre par M. Silvain et celui de Néron par M. Martinelli.

M.ALVAREZ qui chantera
le Trouvère
- Quant à la mise en scène, la direction de la Gaîté-Lyrique y apporte tous ses soins : il paraît que l'incendie de Rome constituera un tableau incomparable grâce aux décors lumineux d'Eugène Frey...


- D'autres projets ? Ils abondent. Mais l'on ne peut les citer tous. MM. Isola comptent reprendre l'Armide, de Gluck, et Castor et Pollux, de Rameau; Mlle Delna chantera Orphée, de Gluck, et Mme Litvinne, ainsi que l'annonçait le dernier numéro de Comœdia illustré, interprétera les Amours du Poète, de Schumann, dans des décors lumineux de M: Eugène Frey.

- Enfin, MM. Isola, libérés de certaines sujétions qui leur étaient une contrainte, comptent faire le meilleur usage de leur indépendance, et cela dans le plus grand intérêt de leur public.

- Il faut, avant tout, signaler leur création d'abonnements qui donnent droit à sept spectacles différents pour des prix ne dépassant point trente-cinq francs aux meilleures places et réduits à sept francs aux fauteuils de deuxième galerie. Certes, il y a là un effort de vulgarisation qui mérite tous les éloges et tous les encouragements. Ainsi la direction de la Gaîté-Lyrique reste-t-elle fidèle à l'idéal populaire qui l'inspira jusqu'ici, cependant que par l'intérêt des spectacles et la valeur des interprètes, elle atteint un idéal artistique que ne sauraient dépasser des scènes plus aristocratiques et plus richement subventionnées.


M. AFFRE :L'interprète d'Hernani
et des Huguenots