La direction d’un théâtre
n’est pas une sinécure. Elle laisse peu de loisirs et les
préoccupations qu'elle comporte ne diminuent point pendant les
vacances. Demandez-le
plutôt aux frères Isola.
Les sympathiques directeurs
de la Gaîté préparent sans relâche la première
saison du Théâtre Lyrique Municipal.
"Nous
travaillons même en cours de voyage, nous disaient-ils hier encore.
Nous avons déjà
été à Dinard, à Boulogne. Mais, entre temps,
nous revenons à Paris passer quarante-huit heures pour, nos affaires.
Nous voyageons toujours en automobile. Notre limousine, une 80 HP, est
assez grande pour contenir un piano. C'est vous dire que nous sommes
à l’aise pour travailler.
Nous allons nous
rendre en Belgique ; de là, nous irons en Savoie. Nous verrons
l’excellent Noté à Chamonix.
- Et de voyager
ainsi sans cesse en automobile, aucun incident ?
-
En revenant de Boulogne à Paris, un peu avant Beauvais, nous
avons failli faire
panache, mais notre mécanicien a su éviter l'accident.
- Il paraît
que votre correspondance, à propos du Théâtre
Lyrique Municipal, est copieuse et souvent amusante.
Sans nous répondre,
un des frères Isola nous tend une lettre.
C’est une brave
femme qui, avec une écriture et une orthographe peu banales,
adresse ses compliments aux nouveaux directeurs du Lyrique populaire.
" Mon
mari est un ivrogne, écrit cette correspondante occasionnelle,
mais je suis sûre que, dès l'ouverture de votre théâtre,
il préférera payer cinquante centimes pour aller entendre
de la musique au lieu de continuer à fréquenter le cabaret.
Vous serez ainsi des bienfaiteurs de l’humanité."
Ma foi !voilà
une brave femme qui ne manque pas d’esprit.