LE JOURNAL
11/08/1907
   
 
Source Gallica
     

         

           La direction d’un théâtre n’est pas une sinécure. Elle laisse peu de loisirs et les préoccupations qu'elle comporte ne diminuent point pendant les vacances. Demandez-le plutôt aux frères Isola.
         Les sympathiques directeurs de la Gaîté préparent sans relâche la première saison du Théâtre Lyrique Municipal.
          "Nous travaillons même en cours de voyage, nous disaient-ils hier encore.
         Nous avons déjà été à Dinard, à Boulogne. Mais, entre temps, nous revenons à Paris passer quarante-huit heures pour, nos affaires.

           Nous voyageons toujours en automobile. Notre limousine, une 80 HP, est assez grande pour contenir un piano. C'est vous dire que nous sommes à l’aise pour travailler.
          Nous allons nous rendre en Belgique ; de là, nous irons en Savoie. Nous verrons l’excellent Noté à Chamonix.

          - Et de voyager ainsi sans cesse en automobile, aucun incident ? 
         - En revenant de Boulogne à Paris, un peu avant Beauvais, nous avons failli faire panache, mais notre mécanicien a su éviter l'accident.
          - Il paraît que votre correspondance, à propos du Théâtre Lyrique Municipal, est copieuse et souvent amusante.
          Sans nous répondre, un des frères Isola nous tend une lettre.
          C’est une brave femme qui, avec une écriture et une orthographe peu banales, adresse ses compliments aux nouveaux directeurs du Lyrique populaire.
          " Mon mari est un ivrogne, écrit cette correspondante occasionnelle, mais je suis sûre que, dès l'ouverture de votre théâtre, il préférera payer cinquante centimes pour aller entendre de la musique au lieu de continuer à fréquenter le cabaret. Vous serez ainsi des bienfaiteurs de l’humanité."

         Ma foi !voilà une brave femme qui ne manque pas d’esprit.