L'INTRANSIGEANT 07/10/1936
 
   
Source Gallica
 

     

                                   ..Et c'est dans un music-hall que ce soir :

          Nous est-il permis de révéler que des théâtres, de grands théâtres de Paris, avaient offert à Émile et Vincent Isola leur plateau pour ce gala d’une nuit qui, aujourd'hui, à 24 heures, va grouper des Parisiens notoires et de toutes professions, désireux de retrouver en ces deux frères d'illustres illusionnistes en même temps qu’ils leur porteront secours...
          Les frères Isola n’ont pas cru devoir accepter les offres des théâtres ; ils ont donné leur préférence à un music-hall, on pourrait dire : au plus moderne des music-halls : l’A.B.C, parce qu’ils ont pensé que l’art de la prestidigitation ne saurait trouver ailleurs une atmosphère aussi propice.
         Et puis l’A.B.C n’est-il pas situé sur les boulevards ? Ces boulevards qu’autrefois Emile et Vincent, jeunes, Algériens arrivant dans la capitale, parcouraient le cœur plein d’espoir et, souvent, l’estomac vide. L'A.B.C n'est-il pas sur le trottoir dont le prolongement Opéra-Madeleine s’orne du petit théâtre des Capucines où « les frères » firent jadis leurs débuts ? Détails sans doute, mais qui, à notre avis, présentent une certaine logique dans l’ordre de leur destinée.
            Le music-hall, d’ailleurs, n'eut-il- pas une place prépondérante dans l’ascension des Isola, alors que, demeurés mages, ils nourrissaient l’ambition de nous éblouir en donnant aux revues le caractère de vrais féeries ?
            Ils, dirigèrent à la fois les Folies-Bergère, l'Olympia, Parisiana et, à la même époque, la Gaité-Lyrique, où la musique devait trouver en eux de probes serviteurs... Elle les garda puisqu’en 1914 ils étaient appelés à diriger l'Opèra-Comique.
           Les Isola, depuis, ont été amenés , à se partager entre l'opérette et là comédie. Le souvenir de leurs succès, tant au théâtre Sarah-Bernhardt qu’au théâtre Mogador, n’a pas eu le temps de s’effacer...
           Où sont aujourd’hui les silhouettes des caricaturistes, les couplets des chansonniers consacrant la popularité des Isola ?
           Ils étaient devenus Parisiens entre tous les Parisiens. Aucune « générale » n’avait lieu sans qu'on les vit dans une avant-scène. Et jamais ils ne manquèrent, un seul soir, de donner l’exemple de « l'habit noir »...
           Habits noirs, toilettes d’élégantes... ce soir, à l’A.B.C... Qui voudrait manquer ce gala parisien d’après-minuit ? — T.