..Et c'est
dans un music-hall que ce soir :
Nous est-il permis
de révéler que des théâtres, de grands théâtres
de Paris, avaient offert à Émile et Vincent Isola
leur plateau pour ce gala d’une nuit qui, aujourd'hui, à
24 heures, va grouper des Parisiens notoires et de toutes professions,
désireux de retrouver en ces deux frères d'illustres illusionnistes
en même temps qu’ils leur porteront secours...
Les frères
Isola n’ont pas cru devoir accepter les offres des théâtres
; ils ont donné leur préférence à un music-hall,
on pourrait dire : au plus moderne des music-halls : l’A.B.C,
parce qu’ils ont pensé que l’art de la prestidigitation
ne saurait trouver ailleurs une atmosphère aussi propice.
Et puis l’A.B.C n’est-il pas situé sur les
boulevards ? Ces boulevards qu’autrefois Emile et Vincent, jeunes,
Algériens arrivant dans la capitale, parcouraient le cœur
plein d’espoir et, souvent, l’estomac vide. L'A.B.C
n'est-il pas sur le trottoir dont le prolongement Opéra-Madeleine
s’orne du petit théâtre des Capucines où
« les frères » firent jadis leurs débuts ?
Détails sans doute, mais qui, à notre avis, présentent
une certaine logique dans l’ordre de leur destinée.
Le
music-hall, d’ailleurs, n'eut-il- pas une place prépondérante
dans l’ascension des Isola, alors que, demeurés mages,
ils nourrissaient l’ambition de nous éblouir en donnant
aux revues le caractère de vrais féeries ?
Ils,
dirigèrent à la fois les Folies-Bergère,
l'Olympia, Parisiana et, à la même époque,
la Gaité-Lyrique, où la musique devait trouver
en eux de probes serviteurs... Elle les garda puisqu’en 1914 ils
étaient appelés à diriger l'Opèra-Comique.
Les
Isola, depuis, ont été amenés , à se partager
entre l'opérette et là comédie. Le souvenir de
leurs succès, tant au théâtre Sarah-Bernhardt
qu’au théâtre Mogador, n’a pas eu
le temps de s’effacer...
Où sont
aujourd’hui les silhouettes des caricaturistes, les couplets des
chansonniers consacrant la popularité des Isola ?
Ils étaient
devenus Parisiens entre tous les Parisiens. Aucune « générale
» n’avait lieu sans qu'on les vit dans une avant-scène.
Et jamais ils ne manquèrent, un seul soir, de donner l’exemple
de « l'habit noir »...
Habits noirs, toilettes d’élégantes... ce soir,
à l’A.B.C... Qui voudrait manquer ce gala parisien
d’après-minuit ? — T.