|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Quand
la guerre de 1870 se déclara ; nous étions des enfants à Blida,
on éprouvait quelque crainte dans la colonie algérienne,
car les Arabes n’étaient pas tous loyalistes alors …
Ainsi parle Emile Isola, derrière un portant, sur le
plateau de l’Etoile Palace. Son frère Vincent poursuit
:
Quand
la guerre
de 1914
se déclara,
nous
n’étions plus jeunes, nous dirigions l’Opéra-Comique,
nous voulûmes nous engager ; le ministre de la guerre nous fit venir : « Vous
avez mieux à faire, rouvrez l’Opéra-Comique, nous dit-il » ..
et ainsi, en octobre 1914, la salle Favart donna l’exemple…
Emile Isola reprend :
La
guerre
de 1939
ne trouvait
plus directeurs, mais artistes ; alors depuis quatre mois nous n’avons
pas cessé de donner des représentations de bienfaisance, c’est
la première fois que nous travaillons pour nous…
Ces
hommes qui ont été à la
tête d’un peu tous les théâtres de Paris, qui ont apporté
des
millions aux pauvres de l’assistance publique et doté Mogador des
gentilles figures de Nanette et de Rose-Marie que nous avions
retrouvées avant hier dans les demi ténèbres de Mogador,
doivent de nouveau présenter les magies des faiseurs de tours, vieilles
comme le monde, qui leur faisaient gagner leur vie quand ils avaient vingt ans
et leur apportent leur aide un demi-siècle après…
- Marguerite ! Qu’est-ce
que tu fais ici ? …
Marguerite Gilbert, institutrice à ses débuts,
devenue étoile des ciels électriques, reprenait du service pour
aider.
- Mais c’est là-haut
que ton devoir t’attend, lui dis-je avec sérieux.
Elle me regarda, réfléchit et acquiesça.
- C’est vrai, au fond… Goebbels a
déclaré que Paris était cuit, faut pas qu’il ait raison
! Chacun doit se mettre au boulot…
Et c’est
ainsi que j’arrachai Marguerite Gilbert aux joies retrouvées du
participe et de la règle de trois pour la ramener, repentante, à nos
music-halls…
|
|
|
|
|

Le journal "L'ORDRE"
du mercredi 28 février 1940
|
|
|
Médrano donne actuellement un
excellent programme. Programme un peu court, un peu rapide, et dont la composition
correspond peut-être plus à un spectacle de music-hall qu’à
un spectacle de cirque, mais dont la bonne qualité générale
mérite un encouragement par ces temps difficiles.
eeee Le clou de la représentation est assurément l’étonnant
numéro des frères Isola qui présentent, avec une élégance
et une tenue qui comble d’aise le spectateur un peu soucieux de la
forme, trois « illusions » dont on serait tenté de dire
qu’elles sont des mystères.
Celle-ci, notamment : les jumeaux Dommergue, deux tout
jeunes gens d’une ressemblance parfaite, sont assis les yeux bandés,
l’un en face de l’autre, au milieu de la piste. Vincent
Isola circule parmi les spectateurs et tous ceux qui le veulent
lui murmurent à l’oreille le nom d’une opérette
ou d’un opéra. Vincent Isola se tourne alors vers les deux
« sujets », tend vers eux la main en silence et, immédiatement,
les jumeaux Dommergue, sans la moindre hésitation, jouent l’air
principal de l’œuvre demandée.
L’expérience se renouvelle deux fois, trois fois, quinze fois
; les sceptiques eux-mêmes glissent à l’oreille de Vincent
Isola le nom de l’œuvre de leur choix ; pas une fois les «
sujets » ne se trompent ; pas une fois, ils ne marquent la moindre
hésitation. Le cirque croule sous les applaudissements.
La rentrée de Porto,
après vingt ans d’absence à Médrano, est l’autre
attraction substantielle du spectacle. Porto et Alex naturellement,
ont composés une série de petits sketches dans la meilleure
tradition de la piste. Pas d’exagération, peu de moyens, une
foule de nuances…et beaucoup d’effets. Petits et grands sont
en joie. Alex et Porto, deux clowns, deux vrais, c’est rare.
Signalons Miss
Novara, virtuose xylophoniste, le couple acrobatique, Reylaus,
les Renattis, l’écuyer Alexandro
et, enfin, les danseurs comiques Leons et Harry.
L’ensemble du spectacle est présenté par Recordier
et Boulicot, toujours aimés enfants, mais un peu faibles.
|
|
|
|
|

le journal "LE
POPULAIRE" du mercredi 4 mars 1940
|
|
|
Au milieu d’un copieux programme qui nous permet d’applaudir
à nouveau le beau numéro de trapèze volant «
les Flying Dolls » dont je vous entretenais dans
une récente chronique, Porto, le clown-maison
par excellence, retour d’un voyage en Espagne, et tout une série
d’autres numéros, les frères Isola,
prestidigitateurs célèbres dans leur jeunesse, bientôt
directeurs de théâtres et de music-hall. Ils connurent la
grande gloire à « Mogador », où ils
montèrent avec une somptuosité jusque-là inconnue
des opérettes à grands succès.
Et puis, ce fut la malchance, la crise, etc., etc.,
si bien qu’un jour les deux frères durent rechercher dans
quelque grenier oublié les malles à surprises et reprendre
les exercices de leur jeunesse.
--- En spectateurs féroces,
on dit en consultant le programme : Ah ! zut, ces vieux-là ! et
puis ils paraissent. Evidemment, ils ne sont plus de la première
jeunesse et la présentation de leur numéro est elle-même
bien veillotte.
Mais leurs exercices se déroulent sur le rythme qui leur est propre
: alors, les plus rebelles se trouvent intéressés, intrigués,
étonnés et bientôt enthousiasmés par la perfection
technique avec laquelle tous les « trucs » se trouvent exécutés.
C’est que les frères Isola connaissent leur
métier… sur le bout des doigts. Ils ne se contentent pas
des vieux succès, ils en cherchent d’autres. On les sent
heureux et fiers de posséder un beau métier et de l’exercer
avec succès. Er ça, c’est toujours le plus magnifique
des spectacles.
Texte
de R.FUZIER
|
|
|
MARIANNE
du mercredi 20 mars 1940 Source
Gallica
Les
frères Isola! Durant un demi-siècle, ces frères
siamois du théâtre, connus du monde entier, ont dirigé magistralement
les Folies-Bergère, Parisiana, l'Olympia,
la Gaîté-Lyrique, l'Opéra-Comique, Mogador et
le Théâtre Sarah-Bernhardt.
Mais, après
avoir versé 36 millions de droits à l'Assistance
Publique de Paris, Vincent et Émile
Isola ont dû courageusement remonter sur les planches pour y reprendre
le numéro de prestidigitation de leurs débuts.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Les frères Isola, vedettes du
spectacle, remportent un triomphe. La cabine au fantôme, le rideau
mystérieux font toujours la joie du public. Les manipulations aussi,
avec la participation des spectateurs dans la poche desquels on découvre
des jeux de cartes, des serpentins ou un lapin vivant.
Le numéro se termine par des expériences
de transmission de pensée très attrayantes : les jeunes
Domergue reparaissent avec leurs accordéons et, les yeux
bandés, exécutent les morceaux dont Vincent Isola
leur donne l'ordre, sans paroles et de la salle où il prend connaissance
des désirs du public. Manon, Tannhauser, Phi-Phi,
Lakmé, etc... se succèdent sans bavures. Un spectateur
bien avisé demande O ma Rose-Marie.
Dès les premières mesures,
les applaudissements redoublent. Les Isola saluent cet
hommage à ce qui fut leur grand succès de directeurs. C'est
une jolie minute, pleine de souvenirs et de l'amitié de Paris.
Françoise HOLBANE.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|