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--- D'autres Algériens qui ont bien réussi, ce sont les frères Isola, directeurs du Théâtre municipal de la Gaïté, à Paris, et, dont l'un d'eux, Emile vient de recevoir la Légion d'honneur.
--- Les frères Isola, dont le nom est connu du monde enlier, sont des enfants de Blida, fils d'un petit modeste tailleur.
--- Ces deux garçons, qui ne constituaient pas toute la famille du tailleur, loin de là, causaient bien des inquiétudes à leur père, car, à toute autre école ils préféraient l'école buissonnière.
--- Un jour ils disparurent le pied et le porte-monnaie légers. Ils étaient partis, pleins d'enthousiasme à la conquête de la Toison d'or. El ils l'ont bien conquise cette merveilleuse Toison, car les voilà riches à millions, avec à la clé, cette croix d'honneur qui est comme le symbole de leur bonne étoile.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------BALIVEAU.

     
   
 
gallica.bnf -------------: « LES ANNALES » du dimanche 4 février 1912
     
 

----- Pluie de rubans sur les artistes et les gens de lettres, écrivains ou professeurs.
----Un directeur de théâtre: l'aîné des deux frères Isola, de la Gaîté-Lyrique.
Ces deux derniers sont des figures presque légendaires. Leur histoire ressemble à un conte de Perrault. Leur père tenait, à Blida, un petit café où fréquentaient les prestidigitateurs de passage et les magiciens du pays. Et c'est ainsi que les frères Isola devinrent sorciers. Dès leur plus tendre enfance, ils essayaient des tours; ils les réussissaient, et, à l'âge de onze ans, ils donnèrent, à une distribution de prix, leur première séance. Sans contrarier le penchant de ses fils, le tailleur-cafetier estima qu'un bon métier manuel les mettrait à l'abri des surprises et des risques de la prestidigitation. Il en fit des menuisiers. A Paris, ces hommes, qui devaient un jour brûler tant de planches, commencèrent par en raboter. Ils ne rabotèrent pas longtemps. Un beau soir, ils se trouvèrent sans travail et sans le sou. Ils durent passer la nuit à la belle étoile et se contenter de coucher dans un square sur un banc qui n'était même pas numéroté.
---- C'était dans le square des Arts-et-Métiers, vis- à-vis de la Gaîté. J'éprouve ici la tentation de vous raconter le songe qu'ils eurent: le théâtre resplendissait de lumières, retentissant de célestes harmonies... Vous devinez la suite. Malheureusement, ils ne rêvèrent point, cette nuit-là. Aucune fée ne leur prédit qu'ils dirigeraient, un jour, le théâtre qui les couvrait de la courtepointe de son ombre.

---- Ils avaient dix-huit et vingt ans; ils ne désespérèrent pas. Puisque la menuiserie ne nourrissait pas ces deux hommes, ils allaient demander à la prestidigitation de se montrer un peu plus alimentaire. Les voilà, certain matin, chez le sénateur Mauguin, qui connaissait bien leur père. Les hommes politiques ne dédaignent pas les cafetiers. Le sénateur écoute avec bienveillance ses jeunes compatriotes, qui lui exhibent une affiche immense où on lisait:
-« Les frères Isola, les premiers prestidigitateurs du monde. Quarante ans d'expériences. Les seuls qui aient eu l'honneur de se présenter devant l'empereur de Russie. »
---- Ces paroles se passaient de commentaires. Néanmoins, l'un des frères crut utile d'a-
jouter:
— Vous voyez, nous commençons à être connus. Voilà comme on parle déjà de nous sur les affiches.
Il eût été plus juste de dire:
— Voilà comme nous parlons de nous.
---- M. Mauguin sourit et promit sa protection. Les frères Isola coururent le monde, engagés dans des music-halls, tantôt applaudis, tantôt sifflés; ils acquirent une merveilleuse adresse; tout le monde et tous les mondes défilèrent dans la petite salle des Capucines où ils exécutaient des tours de magie. Puis, ils dirigèrent les Folies-Bergère, l'Olympia. Ils firent fortune. Maintenant, ils servent le grand art. Ils ont bien gagné leur bout de ruban. Le cafetier de Blida, s'il vit encore, sera heureux.

L'auteur semble ignorer que leur père est décédé depuis 9 ans.