Source Gallica
 
UN MOUVEMENT THÉATRALE
                                                                                       par MAX MAUREY

         Les frères Isola viennent de conclure, avec M. Max Maurey, un accord aux termes duquel ils dirigeront ensemble, désormais, le théâtre des Variétés.
       Au lendemain de cette alliance, trois fois heureuse puisqu'elle place à la tête de celle de nos scènes qui depuis un siècle joue le plus grand rôle dans la vie parisienne, les deux fastueux directeurs de Mogador, tout en y maintenant le glorieux successeur de Samuel-le-Magnifique, nous avons demandé..... à l'éminent
président de l'Association des directeurs de théâtres, de nous confier ses impressions à ce sujet.
       …Ce qu'il fit avec son habituelle bonne grâce.
         Il y a bien longtemps que je connais les frères Isola. Plus on les connaît, plus on les estime et plus on les prend en amitié. C'est à eux qu'Alphonse Franck et moi avons acheté la salle des Capucines pour en faire un théâtre — le premier des petits théâtres parisiens. Cependant ils devenaient, tour à tour, directeurs de Parisiana, de l'Olympia, des Folies-Bergère — où les numéros les plus éblouissants, les mises en scène les plus fastueuses étaient présentés par leurs soins, de la Gaîté, de l'Opéra-Comique, de Sarah-Bernhardt et enfin de Mogador.
        Les voici aujourd'hui mes associés au théâtre des Variétés. J'en suis profondément heureux, certain que nous allons d'un commun accord y faire du bon travail.
        On me demande, en effet, si le genre des Variétés va s'en trouver modifié. Le genre « Variétés » est très défini en ce sens… qu'il ne l'est point. Il continuera donc à ne pas l'être. Nous accueillerons indifféremment opérettes ou comédies pourvu qu'elles soient de qualité et qu'une interprétation hors de pair les puisse mettre en valeur. Mais parlons encore d'eux.
       Les Isola ont ceci de particulier : non seulement ce sont des gens charmants, d'un commerce particulièrement agréable mais, bien que ne se ressemblant pas, ils se complètent si parfaitement qu'on ne peut pas les concevoir l'un sans l'autre. Ils sont deux et ne forment qu'une unité.
        Ainsi tout en étant trois, nous ne serons que deux… ce qui est bien je pense la caractéristique la plus heureuse d'un ménage à trois.
       Je me résume :
       Cette direction ne pourra que servir les intérêts du théâtre, être un des éléments de succès de la vie parisienne et continuer la tradition glorieuse de ces vieilles mais toujours jeunes « Variétés ». Il est probable que, sans toucher naturellement aux lignes générales du théâtre qui est un véritable petit bijou d'architecture, on l'embellira encore.
       C'est donc dans une salle rajeunie, mise à la mode du jour, qu'on pourra applaudir dès septembre prochain une revue de Rip, le plus spirituel et le plus parisien des revuistes.