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PARIS-MIDI |
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S'il, est des directeurs que la crise, supposée ou réelle, du théâtre laisse confiants et souriants, ce sont bien MM. les frères Isola. Quand nous leur avons proposé, il y a quelques jours, le sujet de notre enquêté, ils ont paru presque étonnés qu'on puisse redouter un danger du cinéma sonore. Optimisme D'abord ils nient qu'il y ait une crise, du théâtre. — S'il y avait une crise du théâtre, elle se manifesterait par des signes incontestables. Mais le public boude-t-il ? A-t-il fallu fermer des salles de spectacle ? Nous croyons au contraire qu'on a rarement vu un si grand nombre de pièces atteindre un nombre très enviable de représentations. Ce ne sont souvent que de bonnes pièces. Ce ne sont point des pièces géniales et ce ne sont point non plus des succès dus à la publicité. Pourtant, elles restent sur l'affiche. C'est bien le signe qu'il y a actuellement à Paris un public nombreux qui est fidèle au théâtre. Il semble même que ce public s'étende plutôt qu'il ne diminue. Faut-il vous rappeler le long succès de Rose-Marie ? et que Ces Dames aux chapeaux verts ont gardé fort longtemps l'affiche ? Ces deux exemples récents, dans nos d'eux théâtres, nous prouvent qu'il suffit de savoir attirer le public et légitiment notre optimisme. |
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Le
cinéma et le théâtre
ne doivent pas se nuire
— Votre point de vue est en effet irréprochable. Mais ne prévoyez-vous pas que le cinéma sonore et parlant vous enlève peu à peu ces foules dont vous êtes justement fiers et qu'il semble vouloir séduire ? — Nous nous refusons à considérer le cinéma comme un ennemi. Nous vous avouerons même que nous aimons beaucoup le cinéma. Très souvent, nous allons voir et « entendre » des films. Mais aucune arrière-pensée ne trouble notre plaisir. |
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Pourquoi
le public ne ferait-il pas comme nous et ne se rendrait-il pas à la
fois au théâtre et au cinéma ? C'est bien ce
qu'il fait actuellement, comme l'a prouvé très nettement
la saison dernière.
La bonne formule : trouver la pièce qui plaise — Aussi pensez-vous sans doute qu'il est inutile de l'attirer dans les théâtres par des facilités matérielles et le plus grand confort qui lui sont offerts dans les cinémas ? — C'est exactement notre point de vue. Non pas que nous jugions ces avantages méprisables. Mais le public a montré lui-même qu'il n'y attachait qu'une importance secondaire. Une seule chose est nécessaire et suffisante aussi : une pièce qui lui plaise. Ce ne sera pas forcément une pièce profonde ou très fine. Ce sera Rose-Marie par exemple. Mais c'est cela qu'il aime. La tâche essentielle du directeur et sans laquelle toutes les autres sont vaines est de trouver la pièce qui plaira. Ce n'est pas toujours facile. Cependant, les succès qu'on rencontre prouvent que, dans les revues, il ne faut s'en prendre ni au public, ni au cinéma, ni à l'ouvreuse, ni aux fauteuils, mais à soi seulement. Nous admirons le solide optimisme que les directeurs de Mogador et de Sarah-Bernhardt ont puisé dans leur philosophie empirique. Ils ne s'embarrassent point de vaines disputes. Il leur suffit d'être d'heureux directeurs. Avant de les quitter, nous avons voulu connaître leurs projets pour la saison prochaine. Leurs projets sont eux-mêmes un modèle de simplicité et d'optimisme. Nos projets ? Continuer... — A Sarah-Bernhardt nous reprenons Mon Curé chez les Pauvres; à Mogador, Le Chant du Désert, et nous espérons que cela suffira pour toute la saison. Nous pouvons cependant vous dire dès maintenant qu'après Le Chant du Désert nous donnerons La Vie parisienne de Meilhac et Halévy. Max Dearly en sera le metteur en scène et en assumera te principal rôle. - Et la Revue de Rip ? Vincent Isola se leva et sourit, mystérieux. Emile fait un signe vague de la main. Notre entretien avec les deux sympathiques et habiles directeurs n'ira pas plus avant aujourd'hui. Pierre Lazareff |
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